Depuis la composition typographique plomb, l’usage de mesure des espaces est traditionnellement le cadratin. Sa largeur a la valeur du corps du caractère composé. En corps 10, la largeur du cadratin est donc de 10 points, soit environ 3,76 mm en points Didots et 3,51 mm en points Pica.
Les sous-multiples du cadratin sont le demi-cadratin, le tiers de cadratin, le quart de cadratin et le huitième de cadratin. Ce dernier, qu’on appelle également espace fine ou fine, a comme rôle de décoller juste un peu certains signes de ponctuation du mot qui les précède. Ces différentes espaces sont matérialisées par des blocs de plomb que l’on insère entre les caractères.
En typographie numérisée, l’espace que vous faites sur le clavier de votre ordinateur avec la barre d’espacement est appelée espace-mot ou intermot. Sa largeur, définie par le créateur de caractères en fonction de la hauteur de l’œil de la fonte numérique, est variable et tourne autour d’un quart à un tiers du cadratin traditionnel.
Dans le cas d’un texte justifié sur les deux côtés, sa largeur varie automatiquement en fonction du nombre d’espaces disponibles dans la ligne considérée (sous QuarkXPress) ou dans le paragraphe (sous Adobe InDesign). C’est pour cette raison que cette espace est encore appelée espace justifiante.
En typographie numérisée, la valeur d’un cadratin traditionnel et celles de ses sous-multiples ne correspondent plus aux mesures anciennes. C’est pourquoi, il est plus logique, aujourd’hui, de ne considérer que deux sortes d’espaces :
• l’espace-mot, comme nous venons de le voir ;
• l’espace fine, utilisée dans la ponctuation, d’une largeur plus petite que celle de l’espace-mot et laissée à l’appréciation de l’utilisateur.
Les espaces peuvent être soit sécables, soit insécables, c’est-à-dire qu’elle peuvent être séparées des deux lettres ou signes qu’elles relient, ou pas.
Une espace insécable empêche, par exemple, de trouver un signe de ponctuation en début de ligne, parce que c’est la dernière syllabe du mot + l’espace insécable + le signe de ponctuation qui passent alors à la ligne suivante, en un seul bloc. De plus, la largeur des espaces insécables ne peut pas être modifiée.
Vous devez normalement trouver dans le manuel de votre logiciel les opérations à accomplir pour réaliser les espaces insécables et les espaces fines.
Si votre logiciel ne vous permet pas de réaliser l’espace fine, mieux vaut mettre une espace-mot (qui sera donc plus large que la fine) que pas d’espace du tout : pour une meilleure lisibilité et le confort de lecture.
AVANT le signe de ponctuation |
APRÈS le signe de ponctuation |
|
point | ||
pas d’espace |
. |
espace-mot |
point d’interrogation | ||
espace fine insécable |
? |
espace-mot |
point d’exclamation | ||
espace fine insécable |
! |
espace-mot |
virgule | ||
pas d’espace |
, |
espace-mot |
point-virgule | ||
espace fine insécable |
; |
espace-mot |
deux-points | ||
espace fine insécable |
: |
espace-mot |
guillemet ouvrant | ||
espace-mot |
« |
espace fine insécable |
guillemet fermant | ||
espace fine insécable |
» |
espace-mot |
barre de fraction ou slash | ||
espace fine insécable |
/ |
espace fine insécable |
apostrophe ∗ | ||
pas d’espace |
’ |
pas d’espace |
points de suspension | ||
pas d’espace ou espace-mot |
… |
espace-mot |
parenthèse ouvrante | ||
espace-mot |
( |
pas d’espace |
parenthèse fermante | ||
pas d’espace |
) |
espace-mot |
crochet ouvrante | ||
espace-mot |
[ |
pas d’espace |
crochet fermante | ||
pas d’espace |
] |
espace-mot |
trait d’union ∗ | ||
pas d’espace |
- |
pas d’espace |
tiret | ||
espace fine insécable |
– |
espace fine insécable |
tiret long | ||
espace fine insécable |
— |
espace fine insécable |
∗ L’apostrophe et le trait d’union ne sont pas des signes de ponctuation, mais des signes grammaticaux. Il est pourtant pratique de les placer dans ce tableau.