Mis en place depuis le xvie siècle et perfectionnés depuis, les signes de ponctuation permettent de traduire l’articulation précise du sens de la phrase. Pour s’exprimer clairement il est nécessaire d’y porter une grande attention : une virgule mal placée peut changer complètement le sens d’une phrase,
par exemple :
Cet homme est paresseux, comme vous il va falloir sévir.
Cet homme est paresseux comme vous, il va falloir sévir.
Chaque langue possède ses propres particularismes de ponctuation.
termine la phrase.
• En fin de phrase, on ne met pas de point final après le point d’exclamation, le point d’interrogation et les points de suspension : ces trois signes de ponctuation jouent déjà, en plus de leur propre rôle, celui de point final.
sépare les parties d’une proposition ou d’une phrase, à la condition qu’elles ne soient pas déjà réunies par les conjonctions et, ou, ni.
Le renard sentant la présence du chien, s’en retourna sans bruit.
Le renard sentit la présence du chien et s’en retourna sans bruit.
Le renard craignait la présence du chien ou celle du maître.
Le renard ne sentit la présence du chien ni celle du maître.
• On ne coupe jamais le sujet de son verbe par une virgule.
On n’écrit pas :
Le renard, imaginant déjà une poule grasse entra dans le poulailler.
ni :
Le renard imaginant déjà une poule grasse, entra dans le poulailler.
Par contre, le sujet et son verbe peuvent être séparés par une proposition (ou davantage) encadrée par deux virgules. On revient alors dans le cas des virgules faisant office de pauses faibles :
Le renard, imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines, entra dans
le poulailler.
On aurait également pu écrire (pause forte) :
Le renard ( imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines) entra dans
le poulailler.
On aurait encore pu écrire (pose moyenne ou poétique) :
Le renard – imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines – entra dans
le poulailler.
• « etc. » est toujours précédé d’une virgule ou d’une espace :
Rusé, le renard évita le chien, le maître, le piège, etc.
termine toute phrase interrogative de style direct :
— Quelle heure est-il à présent ?
• termine toute phrase exclamative :
— Il est midi plein !
— Il est donc temps de se restaurer !
• suit les interjections, comme :
Ah ! Oh ! Enfin ! Hélas ! est.
• dans une suite d’interjections semblables, il ne ponctue que la dernière :
Oh ! la la ! Hé hé !
détache nettement des idées partielles ; il marque nettement la fin d’un enchaînement. Il est particulièrement précieux pour composer un raisonnement, un portrait, un récit.
Ce n’est pas l’intelligence qui manque au renard ; il est observateur, il sait attendre
le meilleur moment ; les hommes s’en méfient depuis la nuit des temps ; que de contes
n’a-t-on écrit à son sujet.
introduit une explication, une citation, un discours, une énumération :
Il lui rendit ses bien : son chapeau, son épée et ses métaux.
Jakin et Booz répétèrent : « Soyez attentifs au travail ! »
Ils sont toujours au nombre de trois : tapez le caractère …
et non trois points successifs ...
Les points de suspension marquent :
• une suppression :
Il allait vérifier que la grosse porte à double battant soit fermée…
• un sous-entendu ou une interruption :
(dans ce dernier cas, on les met entre crochets)
Il allait vérifier que la grosse porte […] soit fermée et le gros verrou tiré.
• Placés en début de texte : ils sont suivis d’une espace normale :
… C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre.
• Placés en fin de mot à l’intérieur d’un texte, ils sont collés à la dernière lettre et suivis d’une espace
normale :
C’est alors que… « l’étranger » sortit de l’ombre.
• Remplaçant un mot : ils sont précédés et suivis d’une espace :
C’est alors que … sortit de l’ombre.
• En fin de phrase, ils viennent collés à la dernière lettre :
C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre…
• On ne met pas de points de suspension après « etc. »
On ne compose donc pas :
etc… ni etc.… ni etc. …
Les guillemets français sont des doubles chevrons horizontaux. Ils sont particulièrement visibles et élégants, et font partie de nos particularismes culturels typographiques. Ils viennent légèment décollés du mot (ou des mots) qu’ils encadrent, par une espace fine. Exemple :
En réalité « Renart » est le nom propre donné à l’animal appelé « goupil » dans le Roman de
Renart, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française du Moyen Âge. « Renart », devenant
nom commun, a remplacé « goupil » et, au fil du temps, le « t » final s’est transformé en « d ».
L’anglais utilise des guillemets ouvrants ayant la forme de virgules retournées, et des guillemets fermants ayant celle de deux apostrophes. Ils viennent accolés aux mots :
“The English quotation marks.”
Pour mettre entre guillemets un texte venant à l’intérieur d’un autre texte déjà entre guillemets, l’anglais utilise les guillemets simples :
“Types were originally copied from ‘manuscript letters’ written with broad-nobbed pens
or quills.”
Pour des raisons pratiques, les informaticiens, au début de l’informatique, ont utilisé les guillements simples (quote) et doubles (double quote), en forme de tirets verticaux (ce qui est une absurdité typographique), venant accolés au mot :
"Types were originally copied from ’manuscript letters’ written with broad-nobbed pens
or quills."
Ces guillemets ouvrants et fermants sont les mêmes.
Dans la mesure où votre logiciel le permet, utilisez les guillemets français même pour les travaux
« décontracté », le multimédia, les sites Web, etc. Ne pas le faire serait un non-sens culturel concernant notre langue.
Le français utilise les guillemets anglais doubles pour mettre en valeur un texte venant à l’intérieur d’un autre texte déjà entre guillemets français :
« À l’origine, les caractères typographiques ont repris les formes des “ lettres manuscrites ” réalisées au calame ou à la plume d’oie. »
On utilise les guillemets pour rapporter une citation, un dialogue ou pour mettre en valeur un mot ou un groupe de mots.
Le point final vient avant ou après le guillemet fermant, en fonction de la construction du texte entre guillemets :
« Jeanne leur a dit que dimanche ils sont invités à la fête. »
Jeanne leur a dit que « dimanche ils sont invités à la fête ».
Jeanne leur a dit : « Dimanche, vous êtes invités à la fête. »
Jeanne leur a dit : « Dimanche, êtes-vous invités à la fête ? »
Le point final (ou son équivalent) venant à l’intérieur des guillemets n’est pas doublé, c’est-à-dire qu’on ne le porte pas une seconde fois après le guillemets fermant.
On n’écrit donc pas :
Jeanne leur a dit : « Dimanche, vous êtes invités à la fête. ».
Jeanne leur a dit : « Dimanche, êtes-vous invités à la fête ? ».
Selon les règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale.
Certains codes typo préconisent le contraire. Si cette conjecture ne fait pas l’unanimité c’est que dans un cas comme dans l’autre le résultat esthétique n’est pas satisfaisant.
sont utilisées pour intercaler une précision dans la phrase :
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage de chèvre, pâté de
lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la grande combe du Luberon.
Lorsque le texte entre parenthèses commence et se termine par deux attributs typographiques différents (comme du romain et de l’italique), la parenthèse fermante prend le même attribut que la parenthèse ouvrante.
On compose donc :
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage de chèvre, pâté de
lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la grande combe du Luberon.
et non :
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage de chèvre, pâté de
lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la grande combe du Luberon.
d’emploi moins fréquent, ils sont utilisés pour indiquer :
• une précision à l’intérieur d’une parenthèse :
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage de chèvre [affiné à
point, s’il vous plaît], pâté de lapin [maison] et rosé de Provence), se mirent à descendre la
grande combe du Luberon.
• dans une citation pour matérialiser une coupure de texte :
De bon matin, les chasseurs […] se mirent à descendre&hellip
(ou tiret quart de cadratin, le plus court) sert à unir les différents mots d’un même nom :
le département des Alpes-de-Haute-Provence
un va-nu-pieds, le tout-à-l’égout
• Le tiret (ou tiret demi-cadratin, celui de taille moyenne) employé seul :
• signale chaque terme d’une énumération ;
• signale le changement d’interlocuteur d’un dialogue :
– Tu la trouble ! reprit cette bête cruelle ;
et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait, si je n’étais pas né ?
reprit l’agneau ; je tète encore ma mère.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point.
• employé par paire, il encadre un ou plusieurs mots et joue le rôle de pauses faibles.
• Le tiret long (ou tiret cadratin) moins usité, a le même rôle que le tiret demi-cadratin.
En typographie classique française, il est utilisé pour encadrer les incises, avec une espace justifiante
à l’extérieur et une espace justifiante insécable à l’intérieur.
Jules Denis évoque la valeur littéraire du tiret par rapport à la parenthèse1. Du fait que le cadratin
inséré rompt le gris typographique, de nombreux éditeurs lui préfèrent le tiret demi-cadratin.
Leurs chats — et ils en avaient beaucoup — avaient chacun leur panier.
Dans un dialogue au discours direct, la proposition incise identifie le locuteur, et permet de préciser
les modalités et / ou circonstances de l’élocution.
« Punis-moi de mon orgueil atroce— lui disait-elle, en le serrant dans ses bras de façon à
l’étouffer — tu es mon maître, je suis ton esclave, il faut que je te demande pardon à genoux
d’avoir voulu me révolter.
• Venant en fin de phrase, le second tiret (le moyen comme le long) est alors supprimé avant le point
final.
Les énumérations, bien que ne faisant pas, à proprement parler, partie de la ponctuation, sont placées ici sur le plan pratique.
• elles sont introduites par un deux-points ;
• les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se terminent par un point-virgule,
sauf la dernière par un point final ;
• les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé et se terminent par une virgule.
Exemple :
Avant le jour, nos chasseurs rassemblèrent leur fourbi :
– les fusils qu’on avait remis à neuf ;
– les cartouches : de quoi soutenir un siège ;
– les victuailles préparées avec tant d’attention :
– le fameux fromage de chèvre (affiné à point, donc !),
– le pâtè de lapin de la tante Marie,
– un pain de campagne à peine sorti du four,
– ce rosé de Provence que Jacques apprécie tant,
– des appeaux de perdrix grise et de caille femelle ;
– de la ficelle qui pourrait toujours servir ;
– les pipes, du tabac brun et des allumettes.
1. Jules Denis, Grammaire typographique, Georges Thone, Liège.