Classifications des familles de caractères

 

La foison, toujours en expansion, de polices de caractères disponibles rend leur classification nécessaire à plus d’un titre. Des critères de nature diverses seront à prendre en considération pour mener cette tâche à un stade satisfaisant.
Mais, pour nous aider dans ces choix, travail fastidieux ou passionnant selon les avis, il convient avant tout de déterminer à la fois les composants du dessin de la lettre d’imprimerie et son entourage (voir Fonctionnement du caractère typographique). Munis de ces précisions, nous pourrons alors mieux cerner les particularités qui caractérisent la lettre et le caractère, notion indispensable dans une tentative de classification.

Voici donc une présentation de quelques classifications existantes :

 

Thibaudeau :

La première classification est réalisée par Francis Thibaudeau en 1920-1924. Elle est basée sur la forme ou l’absence des empattements des lettres et compte 13 dénominations sous 4 grands groupes.

Ces quatres groupes sont :
• l’Elzévir : aux empattements triangulaires ;
• le Didot : aux empattements filiformes ;
• l’Égyptienne : aux empattements carrés ;
• l’Antique : sobre, sans empattements, ni pleins ni déliés ;
À ces quatre groupes s’ajoute les caractères Écriture.

 

Vox-Atypi :   (voir les détails)

En 1952, Maximilien Vox propose la classification nouvelle des caractères d’imprimerie qui se fonde sur des traits de caractères communs (contraste des pleins et déliés, axe d’inclinaison, empattements) ainsi que sur une organisation chronologique. Sur ces critères, Vox distingue neuf familles.
En 1962, cette classification est adoptée par l’Association typographyque internationale (Atypi) qui y ajoute deux nouvelles familles, lui donnant ainsi un caractère officiel et universel.

On dénombre donc 10 familles auxquelles s'ajoute une onzième comprenant les caractères grecs, arabes, etc. :
• Humanes : caractères à empattements courts et épais, contrastes entre pleins et déliés peu marqués ;
• Garaldes : caractères de style noble et gracieux de la renaissance, leurs graisses sont distribuées par rapport à un axe incliné. ;
• Réales : caractères qui incarnent l’esprit rationnel et réaliste de l’époque encyclopédique, leur œil est plus étroit que celui des garaldes, le contraste pleins-déliés est encore plus marqué et leurs graisses sont distribuées par rapport à un axe vertical ;
• Didonnes : caractères caractérisés par un fort contraste entre les pleins et les déliés et par des empattements filiformes ;
• Mécanes : correspondant à la famille des égyptiennes ;
• Linéales : caractères de style géométrique ;
• Incises : caractère dont le dessin rappelle celui des lettres latines d’inscription, lesquelles ignoraient les minuscules. ;
• Scriptes : caractères imitant les écritures courantes à main levée ;
• Manuaires : caractères dont le tracé évoque les écritures antérieures à la typographie ;
• Fractures : caractères représentés pas nos « Gothiques », classables parmis les Manuaires.

 

Chronologique :

D’origine anglo-saxonne, cette classification présente le mérite d’affiner la classification Thibaudeau en particulier pour désigner les caractères de type Elzevir. Sa pertinence s’arrête toutefois avec le xxe siècle.

 

Novarese :

Typographe contemporain d’origine italienne, Aldo Novarese est le créateur de nombreux caractères pour la fonderie Nebio à Turin. Il propose en 1956 une classification en 10 familles sur base de la forme des empattements : les lapidaires, les médiévaux, les vénitiens, les transitionnels, les bodoniens, les ornées, les égyptiennes, les linéaires, les fantaisies et les écritures.

 

Autres :

Il existe d’autres classifications qui ne seront pas détaillées ici car elles sont moins connues et n’apportent peut-être que peu d’intérêt face aux classifications définies ci-dessus.
Pour n’en citer que quelques-unes : la norme DIN 16518, la classification de Marcel Jacno et le Codex 80 de Jean Alessandrini.

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